Une personne déficiente visuelle sur deux est sans emploi, d’après une étude publiée à l’occasion de la Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées, du 14 au 20 novembre 2022.
Décryptage.
« Quand ton chien guide peut t’emmener à l’agence d’emploi, mais que tu vas attendre longtemps avant d’avoir un poste accessible. » Après s’être attaquée au manque d’accessibilité des séjours de vacances (article en lien ci-dessous), la Fédération française des associations de chiens guides d’aveugles (FFAC) lance une nouvelle campagne « poil à gratter ». A l’occasion de la Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées (SEEPH) du 14 au 20 novembre 2022, l’association, qui fête cette année son cinquantième anniversaire, aborde la question de l’emploi des personnes déficientes visuelles. « Avoir un chien guide c’est une grande aide au quotidien. Mais pour subvenir à ses besoins, il faut avoir un emploi et, pour avoir un emploi, il faut pouvoir s’y rendre… », ironise Alexandra Blanchin, directrice générale de la FFAC. Ainsi 50 % des personnes en situation de handicap visuel en âge de travailler sont sans emploi ou inactives, d’après une enquête OpinionWay, diligentée par la FFAC auprès de 127 répondants. Un chiffre qui grimpe même à 66 % pour la catégorie des 35-49 ans. Ces statistiques revêtent « une dimension sociale et sociétale inquiétante surtout dans le cadre d’une société qui se veut inclusive », alerte Alexandra Blanchin.
Des freins à l’emploi accrus depuis 2005
Avec cette étude, la FFAC souhaite montrer que le « quotidien des personnes aveugles ou malvoyantes ne se limite pas à des problèmes de mobilité, et que ces difficultés persistent 17 ans après la loi de 2005 ». Plus préoccupant encore, pour 31 % des sondés, les freins à l’emploi se sont même accrus depuis cette date. Et quand emploi il y a, ce dernier n’est pas toujours des plus épanouissants. 23 % des personnes interrogées considèrent encore trop difficile de trouver un poste qui leur plaît véritablement et 31 % des actifs sondés aimeraient travailler plus mais ne trouve pas de poste accessible.
Des postes de travail inadaptés
Les principales raisons de ce marché professionnel « opaque » ? « Des emplois jusqu’ici accessibles aux personnes déficientes visuelles ont été automatisés ou supprimés », « la difficulté d’accès à des formations au même titre que les personnes non concernées par la déficience visuelle » ou encore « des postes de travail qui ne sont pas toujours adaptés au handicap visuel », selon la FFAC. Autre gros point noir : les obstacles à la mobilité. Ceux qui parviennent à trouver un emploi doivent encore pouvoir s’y rendre sereinement mais l’accès aux transports n’est pas toujours optimal. Exemple à Paris, seule capitale européenne dont le réseau de métro n’est pas entièrement vocalisé : très peu de lignes annoncent le nom de la prochaine station.
Mais quelques points positifs aussi…
Bonne nouvelle tout de même : pour ceux qui auraient trouvé leur voie professionnelle, 96 % se sentent bien intégrés au sein de leur entreprise et 89 % considèrent que leurs employeurs prennent de plus en plus en compte leur handicap dans l’organisation de leur poste de travail. Enfin, 97 % confirment que leur chien guide est bien accueilli et accepté. « Des progrès restent à faire », cependant, au niveau de la voirie et de l’environnement professionnel, pour que les personnes déficientes visuelles puissent « travailler dans de bonnes conditions », « se maintenir dans un emploi » et « mettre à profit leurs compétences », signale la FFAC.