Aujourd’hui, l’accessibilité est devenue un terme banal, quotidien, utilisée parfois de manière abusive, maladroite ou inappropriée. Sorte de concept attrape-tout ou valise, elle semble pourtant si familière alors qu’en fait, elle a perdu de son sens, vidée de sa signification.
À force d’être empruntée par les différentes disciplines, domaines et activités au sein desquels elle s’inscrit, l’accessibilité s’est déformée et dilatée : elle se retrouve diluée dans l’accès à l’école, à l’emploi et à la formation, à la culture, au sport et au tourisme, sans oublier l’accessibilité numérique et plus récemment l’accès à la santé et à la sexualité. Au vu de ce flou et de cette segmentation, il importe de se concentrer sur l’essence de l’accessibilité, son contenu épistémologique, ses orientations politiques, ses enjeux économiques, culturelles et sociaux, en la considérant comme un fait social total. En ce sens, l’accessibilité constitue un révélateur qui dévoile le rapport au corps des individus (déficience et incapacité), le rapport à soi (identité), le rapport aux autres (cohésion sociale et vivre ensemble), le rapport à l’espace et à la mobilité (aménagement du territoire), mais aussi le rapport à la justice et l’égalité (citoyenneté).
Maître de conférences titulaire de l’habilitation à diriger des recherches en sociologie, Frédéric Reichhart exerce à l’Institut national supérieur de formation et de recherche pour l’éducation des jeunes handicapés et les enseignements adaptés (INSHEA) au sein duquel il enseigne la sociologie du handicap et de l’accessibilité. Membre du Groupe de recherche sur le handicap, l’accessibilité et les pratiques éducatives et scolaires (GRHAPES), ses travaux de recherche portent sur les représentations sociales du handicap dans l’espace francophone ainsi que sur l’évolution sociologique de l’accessibilité.
Disponible le 15 janvier 2021.