Dans un peu plus d’un an sera donné le coup d’envoi des jeux Olympiques et Paralympiques. Si au sein du village des athlètes, la prise en compte de l’accessibilité universelle produit des fruits intéressants, les alentours, quant à eux, risquent de demeurer problématiques. De quoi singulièrement compliquer l’accueil des publics porteurs de handicaps.
Des panneaux signalétiques visuels mais aussi sonores, des plans tactiles également vocalisés, le tout, repérable au moyen de bandes podotactiles. Des fontaines à eau utilisables par les personnes debout, en fauteuil roulant, et même par les chiens guides et d’assistance. La mise à disposition de “Sensory Rooms”, autrement dit des salles sensorielles, toutes proches des tribunes, pour permettre à des spectateurs porteurs d’autisme de faire une pause, si besoin, pendant les compétitions.
Toute une infrastructure dont s’équipe l’Arena, Porte de la Chapelle dans le 18e arrondissement de Paris, pour accueillir plusieurs épreuves olympiques et paralympiques, comme le parabadminton ou le para haltérophilie, des Jeux de 2024.
L’héritage des Jeux lui aussi théoriquement accessible
La société qui construit le village olympique, La Solideo, semble veiller à rendre les équipements ouverts à tous. Y compris ceux destinés aux seuls entraînements, à l’image de piscines actuellement en rénovation. Cinq sont supervisées par La Solideo − dont la première livrée est celle d’Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis. Pour cela, l’établissement collabore avec diverses associations, dont APF France handicap.
Les Jeux terminés, le village cédera la place à des bâtiments d’habitation et de bureaux. Et là encore, l’entreprise affirme prendre en compte les enjeux d’accès universel. En effet, depuis septembre 2018, un chef de projet accessibilité veille au grain et tisse le lien avec les collectivités territoriales, les administrations concernées, le Comité interministériel du Handicap…
Une île dans le désert ?
Pour autant, basé sur trois villes de Seine-Saint-Denis (Saint-Denis, Saint-Ouen et L’Île-Saint-Denis), le village olympique pourrait bien faire figure de camp retranché. En cause ? Les moyens de transport encore largement inaccessibles (seules 9 stations de métro sont accessibles dans Paris sur les 303 existantes), le manque de logements adaptés, un nombre de places réservées insuffisant dans les stades… La proportion de places retenue étant de 0,8 %, conformément à la norme internationale, et non pas de 2 %, comme le prévoit la réglementation française.
Dans une tribune, publiée dans Le Journal du Dimanche du 22 janvier, Pascal Ribes, la présidente d’APF France handicap s’en inquiétait : « Tous les indicateurs sont au rouge. » Avant d’évoquer la première « fausse note » d’un marathon aux trois quarts impraticable en fauteuil roulant du fait de la présence de pentes trop raides (comme la côte des Gardes à Meudon). Elle prévient : « Aux pouvoirs publics de décider si les Jeux de 2024 feront la fierté de la France ou sa honte. »